En reprenant la concession du périphérique de Lima, les équipes de VINCI Highways, filiale de VINCI Concessions, devaient relever un double défi : assurer du jour au lendemain l’exploitation d’une voie urbaine à très forte fréquentation, en intégrant une équipe de 600 personnes, et achever les travaux d’une section de 9 kilomètres dont la construction avait été stoppée à mi-parcours.
Un défi relevé en mobilisant de multiples expertises au sein du Groupe
Avec ses 10 millions d’habitants, Lima est la cinquième plus grande métropole d’Amérique du Sud. Située au bord de l’océan Pacifique et dominée par la cordillère des Andes, la capitale du Pérou bénéficie de la forte croissance du pays – 6 % par an, en moyenne, depuis dix ans. Les infrastructures de transport qui l’irriguent sont sous-dimensionnées. Pour fluidifier la circulation automobile, les autorités ont décidé de doter la capitale d’infrastructures à même d’accompagner le développement urbain. Elles ont ainsi décidé de moderniser le périphérique de la ville, construit il y a plus de 50 ans. En forme de « Y », cette voie express de 16 km se raccorde à l’est à la route qui descend de la montagne, et au sud et au nord à la Panamericana, la voie rapide qui traverse et relie les deux continents américains.
Convaincu que cette infrastructure, mise en concession en 2009, était promise à un bel avenir, VINCI Highways se porte candidat en 2016 pour l’acquisition de la société concessionnaire Lamsac (et de la société PEX, qui exploite le système de péage électronique associé), dont le contrat d’exploitation court jusqu’en 2049. « Cette acquisition s’inscrivait pleinement dans la stratégie de développement de VINCI Concessions : renforcer notre présence en Amérique latine au travers de projets de grande ampleur », commente Nicolas Notebaert, directeur général de VINCI Concessions.
Après une longue période de négociation avec l’actionnaire d’alors, le fonds d’investissement brésilien Invepar, VINCI Highways finalise l’acquisition fin 2016, à la plus grande satisfaction de la municipalité de Lima, qui reconnaît en VINCI un investisseur sur le long terme. Le montant total de l’opération est important : 1,8 milliard d’euros. « Il s’agit de notre premier investissement autoroutier à l’international en brownfield, c’est-à-dire qui repose sur l’acquisition d’actifs existants. » En effet, au moment de l’acquisition, 16 km de cette voie express à péage sont déjà ouverts à la circulation, et un tronçon de 9 km, inclus dans le périmètre de la concession, est en cours de construction, afin de relier le contournement à l’aéroport et au port de commerce de la capitale.
En arrivant sur site
Les équipes de VINCI Highways devaient relever deux défis techniques majeurs. Le premier était d’assurer la continuité d’exploitation d’une section empruntée par plus de 139 000 véhicules par jour avec, comme objectif, d’atteindre rapidement un niveau de service conforme aux standards internationaux, en diminuant, par exemple, les temps de parcours et d’attente aux péages. Le second était de reprendre les travaux de la nouvelle section là où l’entreprise précédente en faillite, le brésilien OAS, les avait arrêtés, et de la livrer aux meilleurs standards.
Pour répondre à ce double challenge, Laurent Cavrois, nommé CEO de Lamsac en juillet 2016 après sept ans à la tête de LISEA, s’est appuyé sur toutes les expertises du Groupe. « Côté exploitation, des experts de nos autoroutes en Grèce, en Russie et en Slovaquie sont venus épauler les équipes locales ». Adaptation des process aux standards d’exploitation internationaux, réorganisation du management en étendant les responsabilités de chacun des échelons : « En six mois, nous avons réussi à transformer la manière d’opérer des 600 collaborateurs de l’équipe d’exploitation », se félicite Laurent Cavrois. Côté chantier, VINCI Highways a mis en place une équipe de maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage, composée d’experts pluridisciplinaires issus de VINCI Concessions (pour l’expertise chaussée), VINCI Construction Grands Projets, Sixense (pour l’expertise OA) et VINCI Energies.
Leur objectif : évaluer lors de la phase de due diligence (audit avant l’acquisition) la qualité des travaux déjà effectués et le volume de ceux qu’il restait à réaliser sur les 9 km du tronçon en cours de construction, sachant que celui-ci comportait un tunnel de 1,8 km et dix viaducs.
Le constat fut sans appel
« Alors que la construction était censée être avancée aux deux tiers, nos experts l’ont plutôt évaluée à 50 %, raconte Nicolas Charles, directeur technique de VINCI Highways. De plus, le diagnostic approfondi a révélé de nombreuses non-conformités, dont deux majeures : le tunnel, dont le génie civil était achevé, était émaillé d’infiltrations d’eau, et le contexte géotechnique n’avait pas été traité par le constructeur précédent, ou très peu. » Pour atteindre les meilleurs standards, malgré la complexité de ces contraintes techniques, le concessionnaire fait alors un choix radical : « Nous avons décidé de loger le service d’ingénierie chez nous, ce qui n’est pas dans les habitudes des concessionnaires, qui y voient généralement un risque », explique Nicolas Charles.
Une cellule technique
De maîtrise d’ouvrage et d’ingénierie de 80 personnes est ainsi constituée : à charge pour elle de remettre à plat la conception de l’infrastructure et de la doter des meilleurs standards. Pour réaliser les travaux, le concessionnaire s’appuie sur deux valeurs sûres : Grania y Montero, n° 1 de la construction au Pérou, et VINCI Construction Grands Projets, les deux travaillant en joint-venture intégrée. Parallèlement, un comité technique piloté par VINCI Highways, qui rassemble les meilleurs experts du Groupe, est créé pour contrôler l’avancement du chantier. « Ils se réunissaient tous les mois et parcouraient à pied les 9 km du linéaire, pour aborder les problèmes dès qu’ils se présentaient. » S’appuyant sur cette équipe de choc, toutes les énergies ont été mobilisées pour tenir les délais. « Au plus fort du chantier, qui se déroulait nuit et jour, sept jours sur sept, nous avons compté jusqu’à 5 000 personnes sur le site », décrit Yvonnick Levaché, directeur du projet pour VINCI Construction Grands Projets.
L’un des plus grands défis techniques
Ce défi les attendait le long du Rímac, un fleuve qui descend des montagnes et se jette dans l’océan, creusant un canyon en plein cœur de ville. « Sur une bonne partie du linéaire, la voie à construire était bordée d’un côté par les berges très instables du Rímac, et de l’autre par des quartiers de bidonvilles », poursuit Yvonnick Levaché. Les remblais existants, étaient incompatibles dans les zones les plus étroites avec la construction de l’autoroute. Il a donc été décidé dans ces zones de construire la chaussée sur des « pilotis ». De véritables estacades portées par 500 pieux fondés entre 25 et 30 mètres de profondeur ont été réalisées sur plus d’un kilomètre au total.
« Pour respecter le timing de construction de ces viaducs enterrés, nous avons mobilisé pour la réalisation des pieux toutes les ressources existantes au Pérou, ainsi que les équipes de Soletanche Bachy présentes dans les pays avoisinants », se souvient Yvonnick Levaché. Des surprises furent rencontrées. « Au cours du chantier, nous avons découvert jusqu’à 170 interférences avec des réseaux enterrés, légaux ou illégaux (qui n’étaient signalés sur aucun plan) », se souvient-t-il.
Alors que la nouvelle section a été mise en service le 15 juin 2018, une nouvelle histoire attend désormais Lamsac. Pour l’exploitant, l’objectif est clair : il faudra continuer à fluidifier le trafic pour diminuer les temps de parcours et d’attente aux péages. Là aussi, le défi est de taille, car il faut s’adapter aux habitudes locales : « La moitié des bouchons est liée aux arrêts intempestifs des centaines de minibus qui stationnent en plein milieu de la voie pour faire monter et descendre des passagers », explique Laurent Cavrois qui, loin de se décourager, nourrit de grandes ambitions. « Nous allons développer le télépéage, qui représente aujourd’hui 15 % des transactions, avec pour objectif de le porter à 40 % d’ici 2020. »
Le directeur de la concession peut compter pour cela sur les équipes de Lamsac et celles de Pex (qui distribue et développe le télépéage chez Lamsac, et dans les parkings alentours), motivées par la reprise de la concession. Ainsi, depuis l’arrivée de VINCI Highways, le nombre d’abonnés télépéage de Pex a fait un bond de plus de 100 %, grâce à l’expertise technique et marketing de la direction ETC de VINCI Highways, dédiée aux services de péage. Une nouvelle dynamique, inscrite dans un projet stratégique sur trois ans, « Lamsac 2.0 ». « L’objectif est d’arriver à exploiter, à taille d’entreprise constante, une infrastructure qui est passée de 16 à 25 km », souligne Laurent Cavrois. Un nouveau challenge à relever pour les équipes de VINCI Highways.
Pour plus d’informations : www.vinci.com