Ce bâtiment propose un jeu entre l’opaque et le transparent, entre l’intérieur et l’extérieur. L’insertion dans son milieu fait preuve d’une grande délicatesse, respectant si bien la topographie des lieux que le bâtiment semble sculpté à même le paysage. Le mélange des essences et des couleurs lui confère de la personnalité tout en délimitant les différents espaces.
Stratégies d’implantation et organisation de l’espace
Le nouveau pavillon situé en forêt niche sur un étroit escarpement, le long du chemin du Camping, avec en contrebas la plage et le lac Stukely. La première moitié du corps principal du bâtiment suit paisiblement les courbes de niveaux le long desquelles l’amphithéâtre extérieur est sculpté. Une strate de la toiture-paysage s’élève doucement à l’instar de la topographie du parc. Au centre, une portion ouvre une large vue sur le lac et amorce un vigoureux changement de direction affirmant l’entrée du pavillon et défiant la pente. Le bâtiment plonge vers la vue imprenable de l’île et du mont Chauve.
Le volume des services (cuisine) se fait discret tandis que celui de la terrasse et de l’espace découverte superpose trois strates de géométries différentes. La première, celle de l’entreposage des équipements sportifs, accuse une géométrie fonctionnelle en lien avec les activités et le lac. La seconde, celle de la terrasse, s’ajuste aux circulations périmétriques et interstitielles tandis que la troisième, celle de la toiture, s’élève plus encore pour dégager la vue sur le mont Chauve et se gauchit pour mieux contrôler l’ensoleillement.
Tel un pavillon-jardin, les espaces intérieurs et extérieurs sont interconnectés par un réseau piéton formé de passerelle, escalier, passage abrité et interstice extérieur calqué sur les parcours naturels des sentiers.
Matérialité : le bois sous toutes ses formes
Les lacs, les montagnes et la forêt qui composent le Parc, constituent une inspiration quant à la matérialité des bâtiments. Ceux-ci sont en osmose avec le paysage extraordinaire et les matériaux qu’on y retrouve. Le bois, qui se décline sous différentes formes apporte aux espaces intérieurs et extérieurs chaleur et enveloppement. Il se conjugue aux végétaux indigènes ainsi qu’aux pierres d’ardoises et murets de gabions qui structurent les parcours et aménagements paysagers.
Le parti architectural adopté et le site imposaient un parement vertical rappelant la séquence des troncs de la forêt voisine. Les textures, essences et couleurs utilisées, en harmonie avec l’écorce des arbres, permettent la métamorphose du bâtiment tout au long de la journée. Façonnée spécifiquement pour ce projet, la peau de cèdre du pavillon est composée alternativement de stries en retrait et en ressaut ainsi que de vides. Elle fait ainsi varier les ombrages sur les façades au rythme de la course du soleil et transforme littéralement les aires d’entreposage en lanternes démesurées et ludiques le soir venu. Le parement de cèdre est alternativement utilisé en écran pare-pluie puis en façade ajourée (ventilée) simplement, mais savamment en conservant ou en retirant la portion en retrait de l’assemblage.
La configuration organique du bâtiment en symbiose avec le site, les activités voisines et les vues, exige qu’on exerce aux volumes principaux certaines ponctions. À ces endroits, à l’instar d’un fruit qu’on aurait coupé, un parement de cèdre plus pâle et plus lisse est intégré, une façon de distinguer la peau de la chair, de permettre une lecture cohérente du bâtiment.
Premier d’une série de trois
Le Centre de Services Le Bonnallie est le premier d’une série de trois pavillons qui seront réalisés par la firme Anne Carrier architecture au Parc national du Mont Orford.
Ces projets permettront de développer une signature architecturale singulière et identitaire pour le Parc dans la continuité d’une approche qui préconise la clarté de l’expression architecturale pour créer des lieux riches et stimulants en constant dialogue avec les usagers et l’environnement au fil des saisons.
Fiche technique
- Projet : Centre de services Le Bonnallie
- Architecte du projet : Anne Carrier architecture (AC/a)
- Concepteurs : Anne Carrier architecte patron, Robert Boily b.arch./b.sc. a., Patricia Pronovost architecte, Mathieu St-Amant architecte
Collaborateurs
- Ingénieurs Structure et civil : Les services exp inc.
- Ingénieur Mécanique — électricité : Martin Roy et Associés
- Architecture de paysage : Agence Relief Design
- Entrepreneur : Construction Longer
Chiffres
- Superficie : 430 m2
- Budget : 2,5 M$
- Date de fin de projet : Juillet 2016
- Projet lauréat du Prix d’excellence Cécobois 2016, dans la catégorie Bâtiments institutionnels moins de 1 000m2.
Pour plus d’informations : www.annecarrier.com