L’industrie de demain, c’est évidemment une révolution numérique mais ce sont aussi de nouveaux modes de management. Une conviction portée par Bruno Grandjean, président de la Fédération des industries mécaniques (FIM).
La révolution numérique est au cœur des mutations de l’industrie. Si certains s’en inquiètent, d’autres y voient d’abord une opportunité. C’est le cas de Bruno Grandjean, président de la Fédération des industries mécaniques (FIM) et président du directoire de Redex qui y voit aussi l’occasion pour la France de revenir dans une course dont elle avait décroché depuis les années 2000.
Si la technologie est évidemment centrale dans cette révolution numérique, « c’est aussi et d’abord une révolution managériale qui nous attend, estime Bruno Grandjean. Un opérateur aujourd’hui a accès à des données et des informations de même niveau que celles dont dispose un contremaître voire un ingénieur. Le travail se fait de plus en plus en réseau, en mode projet ».
Dans ce nouveau contexte, l’organisation ancienne avec ses structures hiérarchiques très pyramidales ne semble plus d’actualité, elle serait même contre-productive. Quelques entreprises comme Michelin, Toyota ou Vinci sont en pointe sur ces sujets.
Préserver les savoir-faire fondamentaux
Une fois ce prérequis intégré, c’est bien sûr la technologie qui, dans les faits, rend possible cette révolution. « Avant, les hommes étaient au service des machines qui imposaient leur cadence. Aujourd’hui, l’homme est réconcilié avec la machine, il travaille en bonne intelligence avec elle. Le développement du cobot qui sort de sa « cage » pour devenir l’assistant de l’opérateur permet d’éliminer peu à peu toutes les tâches pénibles et répétitives », constate Bruno Grandjean.
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Cette profonde mutation n’est évidemment pas sans impact sur l’emploi. « Si, avec le numérique, les métiers se réinventent, certains ne doivent pas être perdus. Les compétences spécifiques, les savoir-faire fondamentaux doivent être préservés afin de ne pas être dépendants de la technologie », prévient Bruno Grandjean.
Après des années difficiles et de repli, l’industrie française a donc décidé de réagir. La mobilisation de l’ensemble de la profession n’y est pas étrangère notamment au travers du lancement de l’« Alliance pour l’industrie du futur » en juillet 2015 accompagné d’une nouvelle mesure incitative sur le suramortissement de l’investissement productif.
Mobilisation pour l’humain
Un début prometteur que le secteur de l’industrie compte amplifier en faisant des talents sa priorité. « Les talents sont déterminants pour notre compétitivité, explique Bruno Grandjean, or les jeunes se sont détournés de l’industrie. Nous croyons bien sûr à l’Intelligence Artificielle et aux nouvelles technologies, mais nous croyons d’abord aux hommes et aux femmes qui vont s’impliquer dans nos entreprises et qui feront le succès de l’industrie française ».
Nous croyons bien sûr à l’Intelligence Artificielle et aux nouvelles technologies, mais nous croyons d’abord aux hommes et aux femmes qui vont s’impliquer dans nos entreprises et qui feront le succès de l’industrie française
C’est pourquoi le secteur compte mener ces prochains mois de nombreuses actions en ce sens qui culmineront en novembre avec « L’Usine Extraordinaire » présentée au Grand Palais à Paris sous le label « French Fab ». Il s’agit, en l’occurrence, de la reconstitution d’une usine éphémère avec ses machines, ses opérateurs et ses ingénieurs.
« En 2018, notre autre priorité est de faire monter en compétences les dirigeants de l’industrie via nos « accélérateurs », ses formations mises en place depuis 2016 avec la BPI et de grandes écoles pour diffuser de nouvelles pratiques », ajoute Bruno Grandjean confirmant ainsi le credo de toute une profession : « la révolution numérique dans l’industrie passera d’abord par une révolution managériale ».
Pour plus d’informations : www.actemium.fr